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Abstract

Cette section présente la norme canadienne sur les rapports techniques en mine : le rapport NI 43-101. Il s’agit d’une véritable mine d’or d’informations sur les projets miniers, de la phase d’exploration à celle de l’exploitation. Nous découvrirons cela ensemble au fil de cette lecture, accompagnée de quelques concepts interactifs.

Rapport technique NI-43-101

Le Règlement 43-101 a pour objectif de garantir que les informations publiées et diffusées au sujet des propriétés minérales soient exactes, vérifiables et non trompeuses. Il vise à protéger les investisseurs contre les déclarations erronées, frauduleuses ou non fondées concernant des projets miniers, notamment lorsqu’elles sont diffusées sur les marchés boursiers réglementés par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières.

Ce règlement a été instauré à la suite du scandale Bre-X, afin de renforcer la transparence et la crédibilité des divulgations techniques dans le secteur minier.

Dans le cas de Bre-X, les réserves aurifères du projet Busang étaient annoncées à 200 millions d’onces (environ 6 200 tonnes), ce qui représentait jusqu’à 8 % des réserves mondiales d’or à l’époque. Toutefois, il s’est avéré qu’il s’agissait d’une fraude massive : aucun or n’était réellement présent. Les carottes de forage avaient été falsifiées par « salage », c’est-à-dire en y ajoutant de l’or provenant de sources externes. En 1997, l’entreprise Bre-X s’est effondrée et ses actions ont perdu toute valeur, dans ce qui demeure l’un des plus grands scandales boursiers de l’histoire du Canada.

Aujourd’hui, le rapport NI 43-101 fait l’objet de certaines critiques de la part des investisseurs, car il emploie un langage technique avancé, ce qui ne permet pas toujours à ces derniers de bien analyser le potentiel minéral et sa valorisation boursière, actuelle ou future[1]. Toutefois, il constitue une véritable mine d’or d’informations pour les géoscientifiques, puisqu’il regroupe dans un même document technique des données géographiques, historiques, géologiques et métallogéniques, en passant par les travaux d’exploration, de forage, de préparation, d’analyse et de sécurisation des échantillons. Il couvre également la vérification des données, les essais de traitement du minerai, l’estimation des ressources minérales et des réserves minières. Le rapport traite aussi des méthodes d’exploitation et de récupération, des études de marché et des contrats, des études environnementales, des permis requis et des impacts sociaux sur la collectivité. Il se conclut par un résumé des coûts d’investissement et d’exploitation, suivi d’une analyse économique du projet.

Il est évident, à la lecture du paragraphe précédent, que le rapport technique NI 43-101 contient une quantité considérable d’informations portant sur tous les aspects du cycle de vie d’un projet minier. Ainsi, la publication d’un rapport aussi complexe --- intégrant un vocabulaire technique, une terminologie spécialisée ainsi que des données géologiques, métallurgiques et économiques souvent abstraites --- peut ne pas être particulièrement utile à un investisseur qui n’est pas en mesure de comprendre pleinement ou correctement le contenu et l’importance de ces informations.

C’est pourquoi de nombreux investisseurs font appel à des ingénieurs-conseils en géologie et en ingénierie minière, ou encore à des géologues indépendants, pour analyser ces rapports. Cette capacité d’analyse et de communication technique sera au cœur de votre futur rôle en tant qu’ingénieur.

Ce type de rapport ne se limite pas au domaine minier : on retrouve également des rapports techniques en géotechnique, en hydrogéologie, en conception d’infrastructures, et bien d’autres domaines encore. Dans le cadre de ce cours, nous nous concentrerons sur l’estimation et l’évaluation des ressources minières à l’aide de méthodes géostatistiques. L’objectif du cours est double : apprendre à estimer les ressources minières, mais aussi à interpréter, comprendre et rédiger des rapports techniques.

Footnotes
  1. J’ai quelques réserves sur ce point. En réalité, les définitions sont encadrées par la réglementation et le langage est standardisé. Il est vrai qu’une première lecture d’un rapport peut en rendre la compréhension difficile, mais avec l’expérience et le soutien technique, la lecture devient accessible. Au final, tout s’apprend.